FOTOFEVER PRIZE WITH DAHINDEN : INTERVIEW DE VICTOR CAVASINO
Suite et fin de notre série d’interviews des Lauréats de la troisième édition du fotofever prize with Dahinden, qui se conclut avec Victor Cavasino. Il évoque pour nous son parcours de jeune photographe, ainsi que l’approche conceptuelle adoptée pour sa série « Tone tension ».
Retrouvez également sur notre site les interviews des deux Lauréates de cette édition 2020 du fotofever prize with Dahinden : Camille Brasselet et Tereza Kozink. Les photographies des trois Lauréats, dont les tirages et encadrements seront réalisés par Dahinden, seront exposées lors de l’édition 2020 de fotofever, du 13 au 15 novembre prochains au Carrousel du Louvre.
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis photographe. Mes premiers vrais terrain et sujet ont été la Syrie d’avant la guerre. Par la suite, je me suis beaucoup intéressé à l’architecture et au documentaire.
Comment s’est développée votre passion pour la photographie ? Êtes-vous autodidacte ou avez-vous suivi une formation ?
C’est mon père qui m’a très tôt mis une caméra entre les mains. C’est un aficionado de la street photography en diapo. Après mes premiers pas, j’ai été photographe de plateau en publicité. Ça m’a donné le goût des images bien composées et de la lumière maîtrisée, mais surtout, l’envie de me former. J’ai choisi Paris 8 photo dont le programme était complet et bien fait. J’y ai entre autres appris à écrire et structurer un projet photo, penser sa production et sa monstration.
Comment avez-vous eu connaissance de la troisième édition du fotofever prize with Dahinden ?
Le monde de la photo en parle et des amis de Paris 8 y ont candidaté ces dernières années. C’est une des références en photographie contemporaine.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre travail ? Quelles sont vos principales sources d’inspiration ?
J’aime l’idée que la photographie donne à voir les choses refoulées ou involontaires, ce qui reste généralement invisible ou complexe à regarder. Je tente souvent de passer par l’abstrait pour transmettre une idée et la rendre visuellement plus intrigante.
Dans mon travail en cours sur l’architecture industrielle, j’isole ses composantes a priori fonctionnelles pour trouver l’origine d’une esthétique industrielle involontaire.
D’une manière générale, ce qui a trait à des phénomènes socio-urbains et architecturaux, jusque dans la tectonique de la société elle-même, m’inspire.
Pourquoi avoir choisi cette série en particulier ? Est-elle représentative de votre approche de la photographie ? Quelles sont les émotions, le message que vous aimeriez faire passer à travers ces images ?
Tone tension est un de mes projets les plus aboutis et l’Afrique du Sud a été une expérience photographique forte, que j’ai voulue longue et loin de l’évidence. C’est aussi un projet très contemporain qui touche à la question de la couleur, de la limite, de la peau et des complexes qui en émergent.
Je crois que mon approche varie beaucoup d’un projet à l’autre mais l’angle formel, plastique et scientifique de Tone tension est assez typique de ma conception de la photographie.
La différence c’est que Tone tension a une dimension presque politique. Je ne veux pas forcément l’exploiter mais j’aimerais que le public s’interroge sur la notion de tonalité dans la société et ses symboles. Je montre des tensions mais j’aimerais en réalité les abolir car elles n’ont à mon sens pas lieu d’être. Elles ne devraient être qu’une manifestation fière de la variété plastique qu’on trouve dans ce monde et de la possibilité de composer librement avec.