Alain Polo Nzuzi : retour sur le fotofever prize

Alain Polo Nzuzi, Lauréat en novembre dernier de la deuxième édition du fotofever prize with Dahinden, revient dans cette interview sur son expérience suite à sa victoire, et sur son actualité récente.


Tu as été lauréat du Fotofever Prize with Dahinden en 2019, qu’est-ce que ce prix t’a apporté ?

Concrètement, cela m’a apporté une visibilité. La communication autour du prix m’a permis d’avoir une actualité. Cela a incité les gens que je connaissais et qui me suivent, à s’intéresser encore plus à ce que je faisais, à vraiment entrer dans le détail de mon travail. Cela a suscité de l’engouement. Juste après l’annonce des lauréats de Fotofever, j’ai eu des retours, j’ai été sollicité pour une expo collective à la galerie RX.

Photo d'Alain Polo Nzuzi - lauréat du fotofever prize with Dahinden 2019

Alain Polo Nzuzi – Nature Morte 2016


Quels sont tes projets actuels et à venir ?

Je suis actuellement sur une exposition qui s’intitule le monde rêvé de Pume Bylex, cette exposition devait avoir lieu au mois de mai, mais compte tenu de la crise sanitaire elle aura lieu du 15 juillet 2020 au 1er novembre 2020, au familistère de Guise, dans l’Aisne. C’est une exposition autour d’un sculpteur congolais, Pume Bylex. J’ai été sollicité pour créer une trentaine de photos qui accompagnent l’exposition. Pour cela j’ai été à Kinshasa pendant 1 mois et demi, en janvier et février, pour créer sur place, autour de la ville.

Pour ce qui est des projets à venir, il y a plein de perspectives, c’est encore « work in progress », je continue de travailler, de faire des dessins, j’étudie des propositions…  C’est vraiment « atelier » en ce moment, je travaille, je dessine, je fais des photos, je suis en pleine élaboration.

Photo d'Alain Polo Nzuzi - lauréat du fotofever prize with Dahinden 2019

Alain Polo Nzuzi – Nature Morte 2016


Pendant la période de confinement, on a vu fleurir beaucoup d’initiatives culturelles sur internet. Quelles sont celles que tu as particulièrement aimées, que tu conseilles, ou qui t’ont inspiré ?

Je n’ai pas beaucoup regardé ce qui se passait, j’ai vu des annonces de la mairie proposant une série d’activités culturelles, notamment les visites virtuelles des musées. Mais je n’ai pas du tout ressenti l’envie de regarder ce qui se passait à gauche et à droite, j’ai profité de ce moment où tout s’arrêtait.  Je trouvais intéressant d’avoir ce côté un peu « stop », un peu apaisant, pendant lequel on oublie ce besoin de vouloir faire quelque chose en permanence. Une sorte de recherche, une sorte de quête vers autre chose que ce qu’on a l’habitude de faire. J’étais dans une sorte de break.

Photo d'Alain Polo Nzuzi - lauréat du fotofever prize with Dahinden 2019

Alain Polo Nzuzi – Nature Morte 2016


Le corps est l’une de tes principales sources d’inspiration. Pendant le confinement, les mouvements ont été entravés et limités, et les corps plus immobiles que d’ordinaire. Cela a-t-il eu une conséquence sur ton travail et la représentation des corps ?

C’est vrai qu’au début c’était vraiment très compliqué, on a l’habitude de bouger, de circuler. Et là, se retrouver confronté au confinement chez soi, être un peu réduit dans ses mouvements, ce n’était pas facile. Mais après ça a été intéressant car ça a permis d’aller au-delà du corps, de mieux connaitre son corps, d’aller vraiment au fond, à l’intérieur de soi, d’avoir le temps. C’est vrai que généralement c’est une question que j’explore mais là ça a été vraiment beaucoup plus intéressant parce que ça permet de passer plus de temps avec ce corps, d’y être confronté, parce que généralement quand on sort, il y a beaucoup de détails qui nous échappent. Le fait de ne pas sortir nous pousse aussi à mieux nous observer, à prendre le temps, notamment de prêter vraiment attention aux petits détails, comme un rayon de soleil, la lumière du jour, et voir ce que ça fait sur son corps.

Ça m’a permis de questionner ce corps encore beaucoup plus en profondeur, et cette crise sanitaire nous renvoie aussi à sa fragilité, à combien il est vulnérable, et ça nous permet de voir plein de choses, ça m’a percuté.

Fotofever prize with Dahinden : retrouvez ci-dessous le témoignage en vidéo de Clothilde Matta, Lauréate et prix du public de la première édition du prix, en 2018 :


Pour en savoir plus et présenter votre candidature pour la troisième édition du fotofever prize with Dahinden (jusqu’au 31 mai 2020 à minuit), rendez-vous sur le site de fotofever !

FOTOFEVER PRIZE WITH DAHINDEN : INTERVIEW D'ALAIN POLO NZUZI

Article paru le 10/10/2019

Les trois lauréats du fotofever prize with Dahinden 2019, Rose Lecat, Julia Amarger et Alain Polo Nzuzi se dévoilent en interview. Rendez-vous nombreux sur le site de fotofever pour voter afin de les départager. Le prix du public sera attribué à l’artiste ayant remporté le plus de voix.

Alain Polo Nzuzi est un artiste plasticien d’origine congolaise, qui vit et travaille à Paris. Avec sa série « Sur les traces modernes d’Apollon, d’Héraclès et d’Hermès », il transforme des photographies de corps masculins en objets de consommation.

Entretien avec Alain Polo Nzuzi

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis un artiste originaire du Congo, arrivé en France il y a 8 ans, par l’intermédiaire d’une bourse d’études dans une école d’art. Je suis un artiste visuel, protéiforme : photographie, dessin, peinture, installation et performance.

Je suis une personne très positive qui aime la vie, tout simplement.

Œuvre d'Alain Polo Nzuzi, lauréat du fotofever prize with Dahinden 2019

©Alain Polo Nzuzi


Comment s’est développée votre passion pour la photographie ? Êtes-vous autodidacte ou avez-vous suivi une formation ?

Je suis un autodidacte qui a toujours emmagasiné des images de magazines, de clips, de vidéos mais aussi des images de mon quartier, de ma ville, de toutes les personnes croisées, des objets…et ce depuis que j’étais enfant. J’étais une sorte « d’ogre » qui dévorait toutes ces images.

Je n’ai pas appris à photographier, mais j’ai utilisé ce que j’avais appris lors de mes études aux beaux-arts de Kinshasa, notamment la peinture par l’approche de la composition, pour fabriquer mes propres images photographiques.

En effet, à un moment crucial de ma vie j’ai eu besoin de me servir d’un medium et la photographie a été ce support. Pourquoi ? L’utilisation de la touche photo d’un appareil téléphonique, m’a aidé à mettre des mots sous la forme d’images.

J’ai pu enfin exprimer mes sentiments, mes non-dits. Pour ce faire, à partir d’un téléphone portable j’ai commencé à me mettre en scène, à me maquiller, à me déguiser, pour me trouver ou retrouver qui je suis. J’ai commencé à m’exprimer au travers d’un appareil téléphonique, puis on m’a prêté un appareil photographique (en 2011) afin de continuer ce travail créatif sur le corps. Ce fut le début de mon travail photographique.

Œuvre d'Alain Polo Nzuzi, lauréat du fotofever prize with Dahinden 2019

©Alain Polo Nzuzi


Comment avez-vous entendu parler de la deuxième édition du fotofever prize with dahinden ?

J’ai entendu parler de la deuxième édition du fotofever prize with dahinden grâce à des amis qui m’ont adressé des mails afin que je participe. Je connaissais fotofever de réputation, mais je reconnais que je n’étais pas au courant du prix jeunes talents.

Quelles sont vos principales sources d’inspiration ?

Mes principales sources d’inspirations sont le corps et la mode.

Œuvre d'Alain Polo Nzuzi, lauréat du fotofever prize with Dahinden 2019

©Alain Polo Nzuzi


Pourquoi avoir choisi cette série en particulier ? Est-elle représentative de votre approche de la photographie ? Quelles sont les émotions, le message que vous aimeriez faire passer à travers ces images ?

Cette série présente ce que j’exprime en général au travers du corps masculin. Pour ce faire, j’interroge mon corps, le corps des autres, afin de répondre aux interrogations sur ce qu’est la masculinité ? J’interroge ce corps objet de convoitise, viril, fort, invulnérable.

Mon regard consiste à apporter de la douceur, de la sensualité, de la légèreté à ces corps.

Alain polo Nzuzi lors de sa visite dans les locaux de Dahinden, à Paris

Alain Polo Nzuzi dans les locaux de Dahinden, en pleine préparation pour fotofever


Rendez-vous sur le site de fotofever pour voter pour le lauréat de votre choix, et lui permettre de remporter le vote du public.
Clôture du vote le 15 octobre 2019 à minuit.